Déménagement de l’Ifremer : une décision « cohérente » pour les écologistes isséens

Pour la section isséenne d’EELV, le déménagement de l’Ifremer d’Issy-les-Moulineaux à Brest est une décision cohérente qui va dans le sens d’une décentralisation de la France, que nous appelons de nos vœux. S’obstiner, comme certains syndicats, à y voir une perte de prestige relève du jacobinisme. De surcroît, les bureaux de ce site, plutôt récents et très accessibles en transports, pourront rapidement accueillir une nouvelle entreprise dans la ville. Le papier ci-dessous traite de l’annonce de ce déménagement.

Le site abritant l’Ifremer à Issy-les-Moulineaux. / photo LP / PA.

Issy-les-moulineaux. Le déménagement a été annoncé vendredi par Jean-Marc Ayrault
Colère autour du départ de l’Ifremer

Avis de tempête… Le déménagement annoncé du siège de l’Ifremer, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, qui devrait quitter Issy-les-Moulineaux pour Brest (Finistère), fait déjà souffler un vent de colère. La décision a été présentée vendredi à Rennes par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lors de la signature du Pacte d’avenir pour la Bretagne, qui a pris soin d’assurer que « bien sûr, les personnels seront associés » au déménagement. Pas sûr que cela suffise à les convaincre.

A Issy-les-Moulineaux, week-end oblige, les bureaux du 155 de la rue Jean-Jacques-Rousseau où sont employés une centaine de personnes dans les directions scientifiques, des finances, juridique ou de communication, ne sont pas encore entrés en ébullition. Mais dès l’annonce du Premier ministre, les syndicats ont réagi. Vent debout contre une mesure prise « sans concertation » l’intersyndicale CGT-CFDT de l’Ifremer a aussitôt dénoncé une « décision stratégiquement aberrante, économiquement inefficace et socialement scandaleuse ». Les syndicats s’inquiètent notamment des conséquences d’une mesure « qui va entraîner des pertes d’emplois pour les salariés qui ne pourront pas quitter la région parisienne ou pour les conjoints qui suivront ».

En revanche, l’annonce n’inquiète pas vraiment la municipalité d’Issy, qui n’a pas souhaité réagir. Il est vrai que l’Ifremer, institution de l’Etat, ne paye pas de contribution économique territoriale (CET), l’ex-taxe professionnelle. Dans les rangs de l’opposition, les Verts ont salué une mesure « cohérente », sans véritables conséquences pour la ville : « Les bureaux sont récents, sur un site intéressant, relié par le RER et le tram, il n’y aura aucun problème pour faire venir une autre entreprise », défend Serge Brière, le responsable des Verts locaux. Seule voix à s’élever pour l’instant contre le déménagement, Lysiane Alezard, candidate Front de gauche aux municipales, qui déplore les risques de casse sociale. Pour l’opposante, « la ville accueille énormément de sièges sociaux, mais sans créer les conditions pour les garder, Là, c’est l’Ifremer qui s’en va, mais Hewlett-Packard aussi n’est resté que quelques années, et Orange va être délocalisé en 2016… »

Paru dans Le Parisien Hauts-de-Seine, édition du 16 décembre 2013.

ZAC Pont d’Issy : EELV s’engage à consulter les isséen-ne-s par référendum

Issy-les-Moulineaux, le 22 octobre 2013.

Nous, écologistes isséens,

Soucieux d’un urbanisme éthique respectueux du cadre de vie et de l’environnement ;

Considérant que la priorité à Issy-les-Moulineaux doit être la construction de logements réversibles ;

Considérant les espaces verts comme indispensables à la qualité de vie des habitants et des salariés présents dans la ville ;

Considérant que la ville doit envisager les grands projets comme un ensemble et non fuir la responsabilité et les séparant en parcelles distinctes ;

Nous engageons, en l’application de l’alinéa second de l’article 72-1 de la constitution, à mettre en œuvre une consultation des isséen-ne-s par voie de référendum local sur le projet de la ZAC Pont d’Issy dès le début de la prochaine mandature.

Contribution de Didier Hervo à l’enquête publique sur la tour IMEFA 52

Le dossier proposé ne constitue aucunement  un véritable projet urbain, il présente un objet démesuré posé sur une petite parcelle sans tenir compte des projets voisins. Il ne libère pas d’espace, seul intérêt d’une tour. Nous n’avons toujours pas de justification de cette hauteur de 188,64 mètres, s’agit-il d’un optimum technique, économique ? Ce que reconnaît explicitement la DRIEE IDF : « Le pétitionnaire aurait dû consacrer une part plus importante à la justification du projet retenu dans l’étude d’impact. »

 

Le projet d’un quatrième immeuble de bureaux non IGH sur l’îlot A contredit l’intérêt de construire en hauteur : pourquoi pas une quatrième tour ? Le premier projet de deux tours en une libérant de l’espace au profit d’espaces verts et de logements avait un semblant de justification. Celui-ci n’en a aucun.

L’étude d’impact le dit elle-même page 135 : « …la verticalisation permettant notamment de dégager des espaces libres important au sol » Alors que le projet le contredit en faisant l’inverse, élever pour mieux densifier ! C’est la perversion de la seule utilité des tours !

 

Plus une tour est haute et plus il faut d’ascenseurs qui consomment de l’énergie et de l’espace : le plan d’un plateau montre l’importance du noyau central au détriment des espaces de travail, réduisant le nombre de bureaux en premier jour et augmentant les besoins en éclairage artificiel. Construire haut à prix d’or pour réduire l’espace utile est un non-sens.

La ZAC dans laquelle se situe cette tour en comprend deux autres, tout aussi injustifiées. Quels rapports IMEFA entend-elle entretenir avec ses futures voisines ? La présente étude n’en dit mot.

Nous avons affaire à trois opérations immobilières distinctes, alors qu’il fallait concevoir un vrai quartier équilibré avec plus de logements et beaucoup moins de bureaux.

Est-ce vraiment une ZAC ou trois projets séparés, concurrents, qui densifient pour le seul profit des promoteurs ? Où est l’architecte urbaniste coordonateur de ces projets ?

« A ce jour, les projets de construction sur les autres îlots de la ZAC ne sont pas connus. » dit l’étude d’impact : bel exemple de coordination dans l’aménagement d’une ZAC !

 

Concernant les places de parking et les déplacements

Le projet prévoit 578 places de parking. « Le stationnement à destination est un déterminant du choix modal. »  La seule réponse vraiment écologique que peut apporter une tour, qui ne l’est pas dans sa structure et son fonctionnement, est de supprimer les parkings auto, ainsi que l’a fait Londres avec la 30 St Mary Axe Tower de N. Foster, haute de 180 m ne comportant que 18 places de parking et la London Bridge Tower « Shard of Glass » de R. Piano qui n’offre que 42 places pour 306 mètres et 10 000 occupants.

La ville de Zurich interdit purement et simplement la mise à disposition de parking sur les lieux de travail.

 

On ne parle pas dans cette étude de plan de déplacements inter entreprises, c’eût été la moindre des choses !

 

Réduire l’offre de parkings en ville permet de réduire aussi l’espace viaire dévolu à l’automobile au profit des transports en commun en site propre et des vélos. Ainsi une ligne TCSP sur la RD 7 trouverait tout son sens. La station la plus proche de la future ligne 15 se trouvera à 800 mètres…

Malheureusement, compte tenu de la démesure du projet et celle de ses voisins, auxquels devraient s’ajouter une quatrième tour rue Guynemer, la tour Triangle à la Porte de Versailles, 70 000 mètres carrés de bureaux supplémentaires au centre-ville, le ministère de la défense et des bureaux à Balard, c’est tout ce secteur que l’on menace de congestion et les transports en commun de sur saturation.

L’exemple du Fort d’Issy et de ses 1600 nouveaux logement est pourtant là pour démontrer que l’on ne peut parachuter une telle opération dans un réseau viaire contraint et non extensible.

 

 

 

Sur la non mixité fonctionnelle

Avoir des bureaux et des logements dans un même  immeuble ou à proximité permet de mutualiser les besoins thermiques des uns et des autres qui ne sont pas les mêmes et pas au même moment : les bureaux ont besoin de fraîcheur le jour et les logements de chaleur le soir, ce qui les rend thermiquement compatibles et permet des économies. (Docks de Saint-Ouen, le Vérose et le Polychrome à Lille). Rien de tout cela ici, rien que des tours de bureaux !

 

Sur la non mutabilité

Une telle tour de bureaux n’est pas mutable, on ne pourra, si la « conjoncture » le demande, transformer les bureaux en logements, contrairement aux incitations actuelles et aux pratiques qui ont déjà cours dans d’autres villes.

 

La vraie modernité urbaine, ce sont des projets librement et longuement débattus avec les habitants, des bâtiments de hauteurs modérées, mixtes fonctionnellement et socialement, à énergie positive, (obligatoires après 2020) des quartiers vivants, animés, pourvus d’espaces verts, d’espaces de rencontre, de salles de réunion ouvertes à tous ! Pas des tours !

 

Le SDRIF  précise que « La densification du bâti, qu’il s’agisse de logements, d’activités ou d’équipements devra rester globalement modérée. » Ce qui a dû échapper aux promoteurs…

 

A propos d’Isséane et des hélicoptères

L’étude d’impact, page 179, prétend qu’en cas de vent de Sud-Ouest, « La présence de la tour va entraîner la formation d’un panache plus large avec une plus faible concentration en polluants. » On apprend dans le même temps que la tour aura peu d’effets sur les émissions de l’usine et qu’elle peut même améliorer les choses ! On a quelque mal à le croire. Comme on a du mal à croire à cette autre affirmation : « La tour  IMEFA contribuera globalement à l’amélioration de la qualité de l’air en Région Parisienne.» Sans doute en augmentant le trafic routier et sa congestion. Ce type d’affirmation décrédibilise l’ensemble de l’étude d’impact.

L’absence de cheminée sur Isséane pose déjà des problèmes de dispersion des polluants puisque les bâtiments actuels n’étaient pas prévus, EOS Générali en particulier.

La construction de tours si proches de l’usine ne pourra que les renforcer.

Quant aux hélicos, la demande de la DGAC de modifier les couloirs d’atterrissage et de décollage des aéronefs vers et depuis l’héliport de Paris-Issy va entraîner le survol de zones habitées. Une nouvelle enquête s’impose. Faudra-t-il exproprier ? Les tours n’aiment décidément pas les logements ! On ne peut pas tout avoir, ce sera ou les tours ou les hélicos, il faudra choisir.

 

En matière d’énergie

La tour semble sur ce plan bientôt obsolète puisque la future Réglementation Thermique 2020 applicable au premier janvier 2021 imposera le recours au photovoltaïque pour pouvoir répondre aux normes BEPOS. (Bâtiment à Energie POSitive) Le projet ne fait pas appel à cette technique et propose quelques capteurs thermiques pour l’eau chaude du restaurant et cinq éoliennes à axe vertical type Darrieus  pour une puissance très modeste, trop modeste pour répondre significativement aux énormes besoins de ce type de bâtiment. Le projet est ridiculement faible en matière d’énergies renouvelables

Proposer un projet dépassé est une curieuse façon de s’inscrire dans l’avenir.

Issy l’audacieuse ?

Le système d’aspiration des déchets prévu consomme beaucoup d’énergie et pose déjà des problèmes de fonctionnement tel qu’il est conçu au Fort. Qui va payer pour ce système, la collectivité ou les promoteurs ?

 

 

La tour et son environnement

Remarquable aveu page 205 où l’on apprend que l’on va recréer à Issy des conditions d’inconfort aérauliques constatées à la Défense ! Le décor est planté, si le but de l’opération est de se comparer à la Défense, c’est gagné, on s’y croit déjà. Les plantations prévues pourraient ne pas suffire à remédier à ces désagréments. La police, lors d’une réunion de feu l’atelier d’urbanisme, avait émis le souhait qu’il n’y ait pas de plantation en hauteur, des délinquants pouvant en profiter pour s’y dissimuler. Qui va l’emporter ? Autant en emporte le vent.

Concernant les problèmes aérauliques et  la génération d’ombre, ce sont les effets cumulés de toutes les tours qu’il convient d’étudier et non ceux de la seule IMEFA prise isolément.

 

On a la confirmation que la tour constituera un gigantesque piège pour les oiseaux, d’autant plus que degré de réflexion du verre utilisé sera important. En ajoutant les éoliennes qui se chargeront elles des chauves-souris, on atteint au sublime quant au caractère éco-friendly du projet ! Tours et écologie ne feront jamais bon ménage.

 

Le socle de la tour est massif, sa hauteur et son emprise au sol contredisent une nouvelle fois le prétendu rôle d’une tour qui devrait libérer de l’espace à son pied. Il n’y a donc pas de retrait est les trottoirs quai Roosevelt et rue Rouget de Lisle sont réduits à leur strict minimum.

 

Les Espaces dans ce socle seront-ils tous ouverts au public ? Les activités initialement prévues dans les halles viendront-elles y trouver refuge ?  Quel sera alors le devenir de ces halles ? Devront-elles disparaître pour laisser place à la troisième tour ? Autant de questions sans réponse.

 

Sur la démocratie

Force est de constater une nouvelle fois l’absence totale d’information et de concertation pour un projet de cette importance. Ce sont les promoteurs qui décident et les habitants n’ont eu droit qu’à un maigre encart coincé entre une nécrologie et une publicité dans le journal municipal qui ne manque pourtant pas de pages. Et pas de réunion publique pour présenter et discuter le projet.

L’exacte démarche inverse de celle suivie pour la ZAC Pajol à Paris où l’on prévoyait la destruction de la halle et la construction de trop nombreux bureaux. L’action des associations puis la concertation s’étendant sur des années ont  permis d’aboutir à la conservation de la halle, la diminution des bureaux, la création de larges espaces publics, le tout couronné par la plus grande centrale photovoltaïque urbaine de France. (Arch. Françoise Hélène Jourda)

 

La région Ile-de-France compte 3,8 millions de mètres carrés de bureaux vacants. Faut-il en rajouter, tout en contredisant le SDRIF qui prône la modération en ce domaine tout en demandant un rééquilibrage au profit de l’est parisien ?

 

Issy-les-Moulineaux compte déjà plus d’emplois que d’habitants. Renforcer ce déséquilibre ne peut que créer de nouveaux problèmes de déplacement en ne répondant pas au premier besoin urbain actuel qui est de pouvoir se loger pour un prix abordable.

 

Notre ville doit retrouver la raison.

 

Didier Hervo.